Frank BARRAL (1912-1997)
 

Frank en 199x

D’après la notice faite par Rachel pour le "Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours"la notice finalement publiée sera expurgée de certains passages

Frank Barral, pasteur et évangéliste, né le 8.03.1912 à Lagarde Enval, (Corrèze), décédé le 28.12.1997 à Nîmes.

Frank Barral est le 4è fils du pasteur Armand Barral. Jean Barral (voir notice) est son frère ainé. Il fait des études de comptabilité à Angoulême. Il se convertit au cours d’une réunion de l’Armée du Salut dans cette ville. Il entrera plus tard à l’école de formation des officiers de l’Armée du salut. Il y fait connaissance de Renée Nisse qui deviendra son épouse.

Des convictions très fortes, un esprit de pionnier dans le domaine de l’évangélisation, des dons de gestionnaire, une habileté dans le travail manuel, vont marquer les différentes étapes d’un ministère hors des sentiers battus.

Il sera officier de l’Armée du Salut pendant une dizaine d’années. Sa prédication est simple, directe, imagée, percutante, plus une harangue qu’un discours. Il s’inspirera de Tommy Fallot. Il fait un bref passage dans l’armée en 1940 puis, malade, va se refaire une santé et élever des chèvres, dans un mas des Cévennes trouvé par son frère Jean, alors pasteur à Avèze.

Appelé par la Société Centrale d’Evangélisation, il devient pasteur-évangéliste à Madranges (Corrèze) à la fin de 1942. Il achète en pleine guerre, aidé par le pasteur Barde, un camion semi-remorque qui deviendra un outil d’évangélisation : à la fois domicile, atelier, stand de librairie. A la fin de la guerre, il est appelé à aller desservir la paroisse de Riom. Il circule avec son camion dans les villes d’eau du Puy de Dôme et au-delà. Il découvre avec un ami la sculpture sur bois et envisage de gagner sa vie grâce à la sculpture. Lui-même touché par la maladie à plusieurs reprises, il est en contact avec les malades en séjour au Mont d’Or ou à La Bourboule. Il réfléchit au sens de la prière pour la guérison.

Homme indépendant, toujours en recherche, il renonce au salaire de l’Eglise Réformée en quittant Riom. Il poursuivra un ministère d’évangéliste itinérant, « sans frontières ecclésiales ». En 1953, il achète une vieille ferme à 2 kms de La Bourboule, y accueille des équipes bénévoles pour des travaux d’aménagement, et des personnes venues vivre un temps de retraite spirituelle. Il crée une association «L’Union missionnaire d’Auvergne » qui soutient ce ministère. En été, il évangélise avec des équipes de jeunes sur lesquels il exerce une grande influence, trop diront certains : réunions annoncées par haut-parleur, distribution de tracts, porte à porte, sculpture sur la place publique, chants en plein air ou dans les cafés. Il récolte des fonds dans les pays protestants, dont la Suisse romande. Ces dons permettent de développer l’infrastructure de La Bourboule. Il publie un journal d’information et d’évangélisation « Arc en Ciel ».

Il a toujours été interpellé par l’appel de l’infirme à la piscine de Bethesda : « Seigneur je n’ai personne » (Jean 5/7). Des handicapés demandent à être accueillis lors des retraites spirituelles qu’il organise. On ne peut les laisser dans leur solitude. Il faut aménager les locaux de La Bourboule, organiser « l’opération brancardiers » pour aider à l’accueil des handicapés qui y séjournent. L’Association « Union Missionnaire d’Auvergne » fait vivre la «communauté de l’Arc en ciel ». Cet accueil est guidé par 3 convictions : Etre solidaires des handicapés, agir avec eux et non pour eux, lutter contre toute forme de paternalisme. Un tournant va se produire. Les hivers sont parfois rudes et longs à La Bourboule. A Nîmes un vieux mas leur est proposé. Il est acheté en 1968, et deviendra, grâce à des travaux importants, un centre pour accueillir des enfants handicapés mentaux. La Bourboule est mis en vente. Bientôt un Institut Médico-Educatif spécialisé est en projet. Il recevra un agrément à condition qu’une nouvelle structure plus adaptée soit construite. Objecteurs de conscience, volontaires viennent y travailler. Ce nouvel établissement s’appelle « Maison d’enfants le Bosquet », il est géré par « l’Association éducative Arc- en-Ciel ». Parallèlement, dans le mas agrandi, l’accueil de groupes d’adultes handicapés physiques et valides, les sessions « retraite, vacances et ressourcement » se poursuivent. Frank Barral sait trouver dans le protestantisme nîmois et auprès du catholicisme les soutiens nécessaires pour le rayonnement de son œuvre. Actuellement l’IMP-IMPRO continue sa route. L’association Arc en Ciel a été dissoute en 2003 et les locaux donnés à la Fondation du Protestantisme.

Bibliographie :


Une sculpture de Frank, source = Annie, La Gacherie2020


Ci-dessous vous retrouverez l'intégralité des textes et des illustrations du numéro spécial de l'Arc-en-Ciel consacré à la mémoire de Frank

A DIEU ...

Frank BARRAL a souligné pour nous ce verset de l'évangile de Jean 11/25 :
"Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort"

Frank nous a quittés pour la Cité céleste le 28 décembre ; il vit auprès du Père où le Seigneur nous attend tous.
"Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? Oui, Je crois !..." Jean 11/26-27.

Frank nous a aussi invités à croire. Son parcours ici-bas nous laisse ce témoignage fort d'un homme qui aime Dieu, qui veut vivre dans Sa lumière. Le culte d'action de grâce fut un service de reconnaissance et de louange que nous voulons vous faire partager. Le souvenir de son engagement restera profondément vivant dans notre coeur.
Nous, membres du conseil d'administration, désirons poursuivre la route tracée, et continuer les actions en cours et à venir : rester
proches de chacun de vous qui avez connu, aimé et soutenu l'Arc-en-Ciel. Nous comptons encore et toujours sur votre prière.
Le Président et les membres du C.A.

Cette pièce, nommée Ezra, a été sa dernière réalisation : lieu de prière et de méditation. C'est là que Frank Barral a reposé et c'est de là, qu'entouré de sa famille, nous lui avons dit "au revoir" avant de nous retrouver avec les amis en la chapelle du cimetière protestant de Nîmes, où il a été inhumé.

Entraînés par Jean-Marc Barral, nous avons terminé ce moment en chantant ce choeur composé par Frank, paroles et mélodie :

Ce n'est pas un esprit de timidité
Que Jésus le Maître nous à donné
Mais l'esprit de force, d'Amour de sagesse ;
Voila ce que sa grâce nous a donné.

Levée du corps de Frank BARRAL

* La paix soit sur cette maison.
* La paix de Dieu soit donnée maintenant à chacun de nous qui habitons cette maison en cet instant, comme elle a, je crois, été donnée et renouvelée chaque jour à Frank qui aujourd'hui la quitte et nous quitte.
Nous sommes maintenant réunis pour franchir une dernière fois cette porte avec lui, sur le chemin de notre adieu. Ou plutôt je dirais que, délibérément ou non, je ne sais. c'est Frank qui nous a réunis, nous ses proches vivants ...

Comme le riche laboureur sentant sa mort prochaine, rassemblant ses enfants ...

* Frank était-il riche ? Pécuniairement sans doute pas, mais autrement oui. Il nous a partagé tout au long des jours les richesses qu'il recevait.
* Laboureur ? sculpteur, pasteur, bâtisseur aussi.
Mais laboureur évidemment : par tous les temps, au soleil ou au milieu des intempéries, en plusieurs lieux, il n'a guère cesser :
de labourer les coeurs,
de les remuer, de les soutenir, en particulier les coeurs handicapés
de semer autour de lui, dans nos terrains humains,
la parole qui fait vivre et aimer,
l'Evangile de Jésus-Christ dont il était témoin, largement, à temps et à contretemps.
Il n'a guère cessé non plus de déranger, de répandre ce nécessaire fumier qui fait pousser la graine en épi, au risque parfois de la voir mêlée à quelque regrettable ivraie.

Oui, Frank, tel le riche laboureur sentant sa mort prochaine, a fait en sorte que, événement étonnant, vous ayez tous été rassemblés à temps, proches de lui. Comme tu l'as dit, Francine, il a bien fait les choses !
Dès lors, oserai-je dire ce merci que plusieurs ont au fond du coeur ? Oserai-je aussi dire ce chant de louange et d'espérance inspiré par ce Seigneur qui nous accueille et nous anime ?

François ROCHAT, Pasteur, aumônier




Psaume 103

Lu par le Pasteur DARTIGUE

Je veux dire merci au Seigneur,
De tout mon coeur je veux remercier le Dieu saint.
Oui, je veux remercier le Seigneur sans oublier un seul de ses bienfaits.

C'est lui qui pardonne toutes mes fautes, guérit toutes mes maladies,
m'arrache à la tombe, me comble de tendresse et de bonté.
Il remplit ma vie de bonheur, il me donne une nouvelle jeunesse ;
Je suis comme l'aigle qui prend son vol.

Le Seigneur intervient pour redresser les torts,
il rend justice à tous ceux qu'on opprime.
Il a fait connaître ses plans à Moïse et ses exploits au peuple d'lsraél.
Le Seigneur est bienveillant et compatissant

patient et d'une inépuisable bonté.
Il ne fait pas constamment des reproches,
il ne garde pas éternellement rancune.
Il ne nous a pas punis comme nous l'aurions mérité,
il ne nous a pas fait payer le prix de nos fautes.
Sa bonté pour ses fidèles monte aussi haut
que le ciel au-dessus de la terre.
Il met entre nous et nos mauvaises actions
autant de distance qu'entre l'est et l'ouest.

Le Seigneur aime ses fidèles comme un père aime ses enfants.
Il sait bien, lui, de quoi nous sommes faits :
d'un peu de poussière, il ne l'oublie pas.

La vie de l'homme fait penser à l'herbe:
comme l'herbe des champs qui commence à fleurir mais périt dés que
passe le vent brûlant, la voilà disparue sans laisser de trace.
Mais la bonté du Seigneur pour ses fidèles
dure depuis toujours et durera toujours.
Et sa loyauté reste acquise aux enfants de leurs enfants,
s'ils observent les règles de l'alliance
et pensent à faire ce que Dieu a commandé.

Le Seigneur a dressé son trône dans le ciel.
Il règne sur tout ce qui existe.
Remerciez le Seigneur, vous ses anges, qui de toutes vos forces,
faites ce qu'il dit et lui obéissez au premier mot.
Remerciez le Seigneur, vous l'armée de ses serviteurs,
qui accomplissez tout ce qu'il désire.
Remerciez le Seigneur, vous tous qu'il a créés,
où que vous soyez dans son empire.
Et moi aussi je veux dire : "Merci, Seigneur."

(Français courant, dans l'Ancre)

Service d'action de grâce en la Chapelle du cimetière protestant

En entrant, le concerto d'Albinoni, qui fut la musique de chevet de Frank depuis l'étape de son cancer, nous invitait au recueillement. Le pasteur Rochat accueille l'assemblée et lit une prière de Frère Roger en précisant : c'est à Taizé que Frank a pris la décision de s'engager dans un ministère d'évangélisation .

O Dieu,
toi qui souffres la mort de tes amis, tu ne nous laisses pas sombrer dans le chagrin de la mort de nos bien-aimés. Elle te coûte la mort de qui nous aimons. Par le Christ qui est en agonie pour chaque être humain, tu souffres avec qui traverse l'épreuve, Et par le Ressuscité tu viens alléger le fardeau insupportable.

Tu ouvres nos yeux à l'étonnement d'un Amour !

Par lui, tu nous redis sans cesse :
Toi, viens à ma suite car je suis doux et humble de coeur,
En moi tu trouveras le repos,
Te reposant sur moi, tu trouveras la guérison.

Toi, le Ressuscité, comme un pauvre qui ne veut pas s'imposer, tu accompagnes chacun sans forcer l'entrée de notre coeur. Tu es là, tu offres ta confiance, tu ne délaisses personne, Même quand les profondeurs crient de solitude.

Pour t'accueillir nous avons besoin de guérison. Pour te reconnaître, il importe que nous prenions le risque de refaire à tout moment le choix de te suivre.

Sans ce choix, à chaque fois radical, nous nous traînons. Te choisir, c'est t'entendre nous dire : "Toi, m'aimes-tu plus que tout autre ?"

L'assemblée chante un des cantiques souhaités par Frank :

Prends ma main dans la tienne, et qu'en tout lieu,
Ta droite me soutienne, Seigneur mon Dieu.
Comment donc sans ton aide me diriger
Si je ne te possède dans le danger ?

Que ta main me dispense joie ou douleur
Paisible en ta présence, garde mon coeur,
Je ne sais qu'une chose moi, ton enfant :
Dans ta main je repose, calme et confiant.

Mais si l'orage gronde, si tout m'est pris,
Si la mer est profonde, et le ciel gris,
Que ta voix me soutienne, même en ce lieu;
Que ma main dans la tienne reste, ô mon Dieu!

Verts Pâturages !
Le Psaume 23 fut pour Frank comme un bâton de pèlerin. Lu par Francine Barral

Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien. Il me met au repos dans des prés d'herbe fraîche, il me conduit au calme près de l'eau.Il ranime mes forces, il me guide sur la bonne voie, parce qu'il est le berger d'Israël. Même si je passe par la vallée obscure, je ne redoute aucun mal, Seigneur, car tu m'accompagnes. Ton bâton de berger, voilà ce qui me rassure.

Face à ceux qui me veulent du mal tu prépares un banquet pour moi. Tu m'accueilles en versant sur ma tête un peu d'huile parfumée. Tu remplis ma coupe jusqu'au bord. Oui, tous les jours de ma vie tu me poursuivras de ta bonté, de ta générosité. Seigneur j'habiterai dans ta maison aussi longtemps que je vivrai.
(Français courant, l'Ancre)

Témoignage de G. Fauché pasteur de la paroisse

Le Psaume 23 a beaucoup compté pour Frank. Il le répétait souvent, et il le commentait volontiers. Je me souviens particulièrement d'une fois, il n'y a pas si longtemps, lors d'une rencontre de Partage et Prièreà l'Arc-en-Ciel. Le témoignage qu'il donnait à partir de ce psaume m'avait marqué par sa force : au moment même où il se pensait proche de cette "vallée de l'ombre de la mort" il affirmait la force de la présence de Dieu. Au milieu de ce passage difficile qu'il n'avait pas peur de mentionner, la houlette et le bâton du souverain berger étaient pour lui un réconfort joyeux et vivant. Je n'oublierai pas son témoignage.

La chorale interparoissiale de l'Eglise Réformée de Nîmes chante "GLORIA " (Messe Allemande)

Gloire, Gloire au Seigneur en son Règne !
Chantent au ciel les élus bienheureux !
Gloire au Seigneur en son Règne !
L'homme humblement le murmure ici-bas !
Moi prosterné je tressaille et j'adore,
Père du monde, et j'entonne à mon tour :
Gloire au Seigneur en son Règne !

"Amour de Tout amour".
Texte de Frère Roger introduit par F. Rochat lu par Eveline Barral

Qui aplanira pour toi le sentier qui mène aux sources jaillissantes ? Là, et pas ailleurs, s'épanouissent les forces vives du risque. Tu t'interroges : "Comment me réaliser ?" Tu n'aspires pas à une existence toute réglée et sans risque mais à un accomplissement. Ne t'attarde pas aux situations sans issue, tu y userais tes énergies vitales. Pas de complaisance avec toi-même. Sans hésiter, passe plus loin. Tu découvriras cet élargissement du coeur : l'homme ne se réalise qu'en présence de Dieu. Tu te dis : comment me réaliser quand des images du passé ou des situations actuelles voilent les sources et activent un regret tenace ?

Ne l'oublie, ce qui te préoccupe, Dieu s'en occupe. Et même quand se perd le sens de la vie, flamboie une lueur. Elle éclaire ta nuit. Son amour est un feu ...
...S'engouffre en toi le feu de son pardon et se dissipe ta propre confusion. Il t'appelle par ton nom. Ce feu vient brûler les racines d'amertume. Ce feu ne dit jamais "c'est assez".

Te réaliser ? Hésiterais-tu face à un choix, par peur de te tromper ?
N'appelle plus ta propre ténèbre pour couvrir ton refus. Heureux qui arrache sa main de devant ses yeux et prend le risque d'avancer soutenu par la seule confiance de la foi.

Te réaliser ? Deviens ce que tu es au coeur de ton coeur et s'ouvrent les portes d'un esprit d'enfance. l'étonnement d'un amour.
Pour toi jaillit une source d'allégresse. Non pas l'euphorie, non pas n'importe quelle joie, mais cette jubilation qui vient tout droit des sources d'éternité.

"Hymne au Rédempteur"
Chanté par la chorale

Qu'on rende grâce à Dieu notre Père,
Qui s'est ému de notre misère ,'
Il a donné son Fils pour Rédempteur,
II fait annoncer sa grâce au pécheur.
O toi dont la souffrance sema tant de bienfaits,
Toi qui fus sur la Croix Prince de paix ;
Toi qui nous aimas d'un si grand amour !
Donne chaque jour de croître et grandir dans la foi
Et de vivre pour toi !
Amen ! Amen !
Saint ! saint !
Saint est le Seigneur Eternel !
Exaltons Jésus, notre Emmanuel ;
Et chantons un hymne à son honneur !
Béni soit Celui qui vient
Au nom du Seigneur !

Jésus lui dit : "Suis moi"
Le pasteur Dartigue, ami de longue date, nous conduit dans la méditation.

Un souvenir me revient : il y a quelques années, dans sa chambre de la Maison de Santé Protestante de Nîmes, Frank Barral m'a longuement parlé, simplement, avec confiance, il m'a parlé de sa mort qu'il savait prochaine. Paisiblement, sans peur excessive, il m'a dit comment il se préparait à nous quitter pour aller retrouver le Seigneur ressuscité, donnant un vrai témoignage de foi : "cette vie se termine, mais il y a le Royaume de Dieu". En ce temps où on prend bien soin de ne pas aborder le sujet tabou de la mort (bien qu'on en parle sans cesse au journal télévisé) c'était bon de connaître la paix de Dieu dans cette chambre de malade. Un beau témoignage de confiance que je n'ai pas oublié.

Comme il me demandait d'apporter un message au cours du culte d'ensevelissement, il a ajouté avec un sourire : "ne parle pas de moi, mais de l'Evangile et de Jésus-Christ". Ce 30 décembre, alors que nous sommes dans la chapelle du cimetière, je vais un peu lui désobéir. Ou plutôt je vais parler de lui par rapport à un autre chrétien, Pierre, le disciple de Jésus.

Matthieu 4/18-19 : "Jésus dit à Pierre et à André : Suivez-moi et je vous ferai pécheurs d'hommes".
C'est le Christ qui a l'initiative : il voit des hommes qui jettent leurs filets dans le lac, il les appelle et leur donne un ordre, le suivre, et une mission, être pécheurs d'hommes. "Aussitôt ils abandonnèrent leurs filets et le suivirent". Certes il y a l'admirable dérision des deux frères, mais elle est uniquement une réponse à la vocation qui leur est adressée. C'est Jésus qui décide, et eux qui obéissent : tout est dans l'appel, et non dans une simple dérision humaine de "faire quelque chose pour Dieu".

Frank a entendu cet appel, sa vie était vraiment une réponse à la vocation de Dieu. Je me souviens du car missionnaire, ce long semi-remorque qu'il conduisait sur les routes de la Drôme, de l'Ardèche ou d'ailleurs. Il ouvrait un panneau latéral sur des livres, des brochures ou des sculptures qu'il avait faites, et là, il appelait à la conversion et à la foi. Il a été vraiment pécheur d'hommes.

Matthieu 16/15 : "Et vous, leur demanda Jésus, qui dites- vous que je suis ? Simon Pierre répondit : Tu es le Messie, le Fils de Dieu". Pour les disciples, suivre Jésus n'est pas simple : il y a la Parole qu'll annonce, les miracles qu'Il fait, mais il y a aussi l'opposition qui commence à se manifester, et ces éléments de vie parfois très contradictoires qui provoquent la question : qui est-Il ?

Dans la chambre de la Maison de Santé nous avons parlé de la vie, de la famille, de ce travail missionnaire qui a pris à Nîmes la forme concrète du Foyer pour handicapés "l'Arc-en-Ciel", avec les moments de découragement, de souffrance, mais aussi les heures lumineuses de son existence. Bref ! la réalité d'une vie concrète.. Tout à coup Frank a mis sa main sur la mienne : "Tout cela est vrai, mais pour moi une seule attitude est essentielle : je crois en Jésus Christ". Dans sa réponse inspirée par Dieu, l'apôtre Pierre dit : "je crois". Dans le tourbillon de sa vie, Frank a dit : "je crois. Tout le reste est important, mais secondaire".

C'est encore Jésus qui prend l'initiative en demandant par trois fois : "Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ?" (Jean 21/15-17) Pauvre Pierre ! Le souvenir du triple reniement, les larmes en sortant de la cour de la maison du grand prêtre ; et la suite : Jésus que le disciple ne peut plus rejoindre, la crucifixion. Oui, bien sûr, il y a aussi la résurrection : comme les autres Pierre était dans la chambre haute, mais est-ce que cela va ôter de son coeur le sentiment terrible d'avoir trahi ?

Jésus dit à Pierre : "m'aimes- tu ?"et prononce de nouveau cette parole de confiance sous forme de vocation : "Pais mes brebis".

Pierre n'était pas un saint ; Frank n'était pas un saint ; vous n'êtes pas un saint, et moi non plus, du moins dans le sens courant de ce terme. Frank le savait bien. Mais au lieu de s'arrêter, immobilisé par la culpabilité, il a reçu plusieurs fois le renouvellement de sa vocation. L'homme, parfois faible, était repris en mains et continuait malgré tout la tâche que son Maître lui avait confiée.

Jean 21/19 : "Par ces mots Jésus indiquait de quelle mort Pierre allait mourir et rendre gloire à Dieu. Puis Jésus lui dit : "Suis-moi". Il y a quelques années, Jésus a dit à Pierre : "Suis-moi" et ce furent les jours de Galilée à la suite du Christ. Annonçant sa mort à son disciple, ce sont les mêmes mots que Jésus emploie "Suis moi dans le Royaume".

Suis-moi sur les routes à la rencontre des hommes avait ordonné le Seigneur à Frank. Aujourd'hui il vient de le lui dire à nouveau, mais c'est dans le Royaume de Lumière que le disciple suit son Maître.
Alors, malgré notre tristesse, nous disons : "Alléluia" !

Shéryl Suyeres, soliste, nous fait partager ce chant de Noël Colombier :

"Frères, ne pleurez pas comme ceux qui n'ont pas d'espérance, Frères ne pleurez pas comme ceux qui n'ont pas là foi". (Ref )

C'est là nuit qu'il faut croire en la lumière,
Et l'hiver espérer le printemps.
Quand le corps s'en retourne à la terre,
La vie continue auprès du Dieu vivant

Nous savons qu'en venant sur la terre
Le Sauveur de la mort a triomphé,
Désormais avec lui, près du Père
Il fait vivre tous ceux qui l'ont cherché.

Un grand vide a coupé notre route,
Quand le vent de la mort est passé;
Mais l'espoir, pour les coeurs en déroute,
C'est l'appel du Seigneur ressuscité.

Le crédo de l'espérance
Confession de Foi lue par le pasteur FAUCHE

Je crois en Dieu,
Le Dieu des crédos, et en toutes leurs vérités.
Mais surtout, je crois en un Dieu
qui ressuscite de la mort de la terre
pour devenir une part de ma vie.
Je crois en un Dieu qui accompagne de tout près
chaque pas de mon chemin sur cette terre :
derrière moi souvent, il voit mes erreurs et souffle à cause d'elles ;
d'autres fois il est à mes côtés, il me parle et m'enseigne ;
d'autres fois il est devant moi, il me guide et marque pour moi le rythme de la marche.
Je crois en un Dieu de chair et de sang, Jésus Christ,
Un Dieu qui a vécu dans ma peau et qui a usé mes souliers,
Un Dieu qui a parcouru mes chemins
et qui en connaît les lumières et les ombres.
Un Dieu qui a mangé et enduré la faim,
qui a connu un foyer et qui a souffert la solitude,
qui fut acclamé et qui fut condamné,
embrassé et battu, aimé et haï.
Un Dieu qui allait aux fêtes et aussi aux enterrements.
Un Dieu qui a ri et qui a pleuré.
Je crois en Dieu qui, aujourd'hui,
porte un regard attentif sur le monde,
qui voit les haines qui excluent, qui divisent,
qui marginalisent, qui blessent et qui tuent ;
qui voit les balles traverser la chair,
le sang innocent inonder la terre ;
qui voit la main qui se coule dans des poches
ou des bourses pour voler
ce dont l'autre a besoin pour manger ;
qui voit le juge décider en faveur du mieux placé,
habillant d'hypocrisie la vérité et la justice ;
qui voit les eaux salies et la mort du poisson,
la pollution qui détruit la terre et troue le ciel ;
qui voit s'hypothéquer l'avenir et croître la dette des hommes.
Je crois en un Dieu qui voit tout cela...
et qui en pleure.
Mais je crois aussi en un Dieu
qui voit une mère donner le jour et c'est une vie qui naît de la douleur ;
qui voit jouer deux enfants, et c'est une semence de solidarité qui germe ;
qui voit la fleur pousser sur les ruines, et c'est un commencement nouveau ;
qui voit, en mai, trois folles demander justice, et cette illusion la ne mourra pas;
qui voit le soleil se lever chaque matin, et c'est un temps pour des possibles.
Je crois en un Dieu qui voit tout cela...
et qui rit - parce que, malgré tout, il y a l'espérance.

Dialogo
Eglise évangélique vaudoise du Rio de la Plata
Eglise réformée en Argentine
traduction Jean-Alexandre


Negro spiritual chanté par Shéryl : "Swing low, sweet chariot"

PRIERE D' INTERCESSION
par le pasteur ROCHAT

Nous venons à toi dans la prière, Seigneur, et c'est une manière de faire place en nous à un autre que nous-mêmes.

Nous venons à toi et c'est une manière de libérer notre regard de ce qui l'encombre, une manière de nous délier du manque de confiance, de la lâcheté ou de la colère qui nous retiennent attachés.

Là où nous sommes tentés de nous replier sur notre amertume, ouvre-nous à la tendresse qui est en toi !

Là où nous nous crispons sur l'attente d'être aimés, emmène-nous vers la générosité qui porte la joie !

Là où nous avons peur de manquer donne-nous de regarder ce manque comme une source de fécondité !

Notre prière, Seigneur, c'est aussi une manière d'accompagner les situations douloureuses et de rendre grâce pour les situations heureuses.

Nous te rendons grâce pour ce qu'avec Frank nous avons pu vivre et dont nous garderons le souvenir vivant, aimant.

Nous te demandons aussi ton pardon pour tout ce qui en nous est blessé par rapport à cet homme, ce que nous n'avons pas pu vivre ou pas su recevoir ; nous te demandons ton pardon et ta paix sur nos ressentiments, nos déceptions, sur ce qui en nous reste encore en souffrance.

Nous nommons aujourd'hui devant toi ceux et celles qui vivent un temps d'éclatement et de remise en question, un temps de deuil ou de maladie...

Nous nous réjouissons avec ceux et celles qui reprennent pied et qui ont des envies pour demain...

Garde-nous accueillants à ceux et celles qui cherchent leur voie et vivent leur foi autrement que nous !

Préserve-nous de toute suffisance et donne-nous plutôt de témoigner de la largesse du regard que tu poses sur chaque être humain, ce regard que nous accueillons maintenant en te disant :

Notre Père qui es au cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons
aussi à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre nous du mal,
Car c'est à toi qu'appartiennent le règne,
la puissance et la gloire
pour les siècles des siècles.
Amen.

Frank Barral reprenait souvent ce cantique
L'assemblée le chante

"J'ai soif de ta présence, Divin chef de ma foi,
Dans ma faiblesse immense Que ferais-je sans toi ?
Chaque jour à chaque heure, Oh ! j'ai besoin de toi;
Viens, Jésus et demeure auprès de moi !

Pendant Ies jours d'orage, d'obscurité, d'effroi,
Quand faiblit mon courage, que ferais-je sans toi ?
Chaque jour à chaque heure, Oh ! j'ai besoin de toi ;
Viens, Jésus et demeure auprès de moi !

O Jésus, ta présence, c'est la vie et la paix
La paix dans la souffrance, et la vie à jamais".
Chaque jour à chaque heure, Oh ! j'ai besoin de toi ;
Viens, Jésus et demeure auprès de moi !

QUELQUES MOTS DE REMERCIEMENTS

Chers amis, au nom de toute notre famille je voudrais vous
remercier pour la chaleur de votre présence. Merci à la chorale, et à
Shéryl SUYERES. Vos chants sont signes vivants de votre amitié !
Merci de nous avoir rejoints dans ce culte d'action de grâce où nous
disons au revoir à mon père.

Au moment de cet au revoir, je tiens à dire très simplement
que c'est grâce à notre père et à notre mère que nous, les enfants
avons entendu parler de DIEU et appris à l'aimer comme notre Père
Céleste. Oui, nos parents ont été pour nous les premiers évangélistes
de la bonne nouvelle du salut, ils nous ont appris à le louer par le
Chant et la musique. C'est pourquoi, maintenant, au moment où la
dépouille mortelle de notre père sort de ce lieu, je vous propose de
l'accompagner par le chant "A Toi la Gloire". Nous allons le chanter
Comme mon père aimait souvent le faire au cours de son ministère, à
Savoir le chanter en se donnant la main et en formant une chaîne de
fraternité.
Jean-Marc BARRAL

A toi la gloire,
O Ressuscité !
A toi la victoire
Pour l'éternité.
Brillant de lumière,
L'ange est descendu,
II roule la pierre,
Du tombeau vaincu.
A toi la gloire, O Ressuscité !
A toi la victoire pour l'éternité !

Vois-le paraître : C'est lui, c'est Jésus,
Ton sauveur, ton maître, Oh ! ne doute plus !
Sois dans l'allégresse, Peuple du Seigneur,
Et redis sans cesse Que Christ est vainqueur.
A toi la gloire, O Ressuscité !
A toi la victoire Pour l'étemité !

Craindrais-je encore ? Il vit à jamais,
Celui que j'adore, Le prince de paix ;
II est ma victoire, Mon puissant soutien,
Ma vie et ma gloire : Non, je ne crains rien.
A toi la gloire, O Ressuscité !
A toi la victoire Pour l'éternité !

(fin du service d'action de grâce)

 

PARTAGE ET PRIERE
Nos rencontres se poursuivent régulièrement le vendredi. De
nouvelles personnes nous rejoignent. Que nous puissions toujours
mieux percevoir que l'Esprit de Dieu veut se poser sur nous.
Apprendre aussi à mieux nous reposer en Lui, alors nous pourrons
déposer les peines que nous portons, celles que nous connaissons.
Dieu seul peut apaiser les coeurs et les corps. La confiance que
nous lui faisons contribue à la guérison, en tout cas celle qui donne la
paix à notre esprit et tout notre être.
Vous pouvez continuer à nous écrire, nous sommes toujours
prêts à partager. A bientôt. Pour le groupe, Francine Barral

Très touchés par les nombreuses marques de
sympathie reçues de nos amis, à la suite du décès de
Frank BARRAL, son épouse et toute sa famille vous expriment, ici, leur profonde reconnaissance.

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C'est avec émotion que je tombe sur votre site.Je connaîs le pasteur Franck Barral car je suis allée l'été à la Bourboule et à Nîmes vers 1975 plusieurs fois.J'ai la cinquantaine,je suis une Infirme Moteur Cérébrale,de père protestant,de mère catholique et je viens de créer mon forum handi-christ en étant nulle en informatique et maladroite avec l'ordinateur,quoi de plus \"normal\",je suis une IMC littéraire..Quels bons souvenirs..l'Arc-en-Ciel ! par WATSON Patricia le 02/06/2011 18:12:15
Bonjour
J'ai vécu quelques mois avec les joyeux compagnons de l'Arc en Ciel à La BOurboule:j'avais je crois 16 ou 17 ans..j'en ai 63! Ce séjour..imposé par mes parents est un des plus lumineux et décisif de ma vie:depuis je suis devenue sculptrice(modelage)et je le dois (avec aussi un chemin spirituel) à \"\"tonton Franck\"!
J'essaie de retrouver le prenom de sa fille:est ce que c'était Elise?
J'aimerais bien avoir un contact avec vous..quand vous aurez le temps ou l'envie..

cordialement
Malou ANCELIN (je vivais à l'époque en Charente,allais en vacances ds l'ile d'Oléron où j'ai connu aussi Pierre (?) et mes parents connaissaient tres bien le pasteur Barral de Mansle ou Cellefrouin...
par ANCELIN le 23/01/2011 09:54:41
C'est le car missionnaire de tonton Frank, peut-être à Navacelles par jacques-rachel-b le 29/10/2005 22:54:11

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car je ne suis pas un robot
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